lundi 14 juillet 2014

Aventures littéraires et voyages intérieurs

Ce n'est pas pour rien que j'ai nommé ce blog "aventures littéraires". Ce que l'on vit avec un livre peut être une expérience à part entière. On entre dans le quotidien de personnes totalement étrangères au départ, on se prend d'affection pour certaines d'entre elles, on en déteste d'autres. On vit avec elles des tranches de vie que l'on n'aurait pas pu vivre ailleurs. La fin est souvent un déchirement. Je parle des meilleurs livres bien sûr. Et dans ce registre, un de ceux que j'ai lus récemment vient directement se glisser en 2ème position de mon top des meilleurs livres de tous les temps : Belle du Seigneur, d'Albert Cohen.


Je me suis lancée dans cette aventure comme un défi. 1100 pages pour quelqu'un d'aussi impatient que moi... J'avais l'impression de me lancer dans un marathon en m'étant entraînée au 100m.
En plus, le ”début” (i.e. les 100 premières pages) ne fait rien pour aider et ressemble plutôt à une ligne de départ qui serait placée en pleine côte !
De grandes (très très grandes) descriptions, des pages entières retranscrivant le fil de pensées de l'héroïne, de l'action presque inexistante. Il faut s'accrocher.

Cependant il en fallait plus pour me décourager. Ce que j'aime le plus dans un livre, ce n'est pas tant l'histoire que la façon de la raconter. Et là, l'originalité du style m'intriguait, me surprenait, et me tenait définitivement en haleine. 

Petit à petit, j'ai pris le rythme du livre. Je me suis laissée bercer par les longues réflexions d'Ariane dans son bain et j'ai pris goût aux longues complaintes torturées de Solal (par ailleurs très instructives sur la psychologie masculine). Tout est si minutieusement décrit que, mieux que l'impression d'être avec eux, on a l'impression d'être eux. C'est franchement déroutant mais tellement incroyable en même temps.

Albert Cohen manie les mots si bien que j'avais parfois l'impression d'écouter de la musique. Tout est si bien accordé, si bien orchestré. Impossible de ne pas se laisser séduire.

J'avoue tout de même quelques moments de faiblesses lorsque certains soirs, fatiguée, j'ai sauté les pages de passages plus difficiles... Il faut dire qu'Albert Cohen ne nous ménage pas et nous entraîne parfois dans les tréfonds du mal-être du personnage principal. 

Quoiqu'il en soit, ce livre m'a touchée. Plus que cela, même. Il m'a fascinée. Je garde en mémoire des moments où l'émotion était si palpable que je ne pouvais plus avancer. Je relisais et relisais encore des paragraphes et je me disais : mais comment est-ce possible d'être assez génial pour écrire des choses pareilles ??

Bref.
Il y eût un avant. Et il y eût un après.

Dois-je encore vous convaincre de vous lancer dans l'aventure ?

PS : Pour en savoir plus sur le livre, l'histoire et l'auteur --> je vous laisse voir ça avec wikipédia !
PPS : Non je n'ai pas mis 6 mois à lire ce bouquin, je n'ai juste plus d'ordinateur pour écrire...